samedi 28 juillet 2007

Lettre D - Dorothée - (part 3/3)

Il avait un visage grave.

« Mais qu’est ce que tu as ? », lui demanda Dorothée, et elle s’abandonna, avec langueur, sur le canapé dans lequel elle feignait de lire un livre. Elle lui lança un beau sourire et passa sa main droite sur son ventre. « Nous devons parler. Je dois te dire une certaine chose moi aussi. »

Jean-Jacques s’assit sur une petite chaise droite face à elle. Il ôta son manteau d'un geste sec et eut un air embarrassé. « Ecoute : je t’aime, mais les temps sont durs. Ma femme me demande de te quitter. Je n’ai pas le droit de lui dire non, car il y a les enfants, et puis elle, avec son professeur de tennis, ce n’est pas du sérieux. Ils couchent ensembles dans un hôtel très discret. Aucun de nos amis n’est au courant. Elle a ça pour elle. Moi je viens ici trop souvent, ça commence à se savoir. Elle m’en veut surtout de t’aimer. Elle m’aurait pardonné une fille comme ça, un caprice, mais tu comprends, l’amour, c’est quelque chose d’important. Elle ne peut laisser passer ça. Elle ne peut me pardonner. Tu sais je ne suis pas bien riche. Je t’ai menti. Ma femme est la banquière du couple. L’appartement est à son nom. Ca lui donne aussi le droit de compter un peu mes sentiments, tu comprends, j’espère. » Dorothée devint blanche.

« Elle sait tout, elle m’a fait suivre par des détectives ridicules. Je dois te quitter, sinon elle divorcera et je serais à la rue. Il y a aussi nos enfants. » A ce mot Dorothée tressaillit sur le canapé et mordit ses lèvres. « Je dois partir, elle m’attends dans la voiture. Je t’enverrai un peu d’argent pour que tu puisses t’en sortir. Mais je veux quand même que tu saches que je t’aime et que je ne suis pas un salaud. Je vais prendre mon manteau et m’en aller. »

Un cri mourût sur les lèvres exsangues de Dorothée. Elle ne sut que répondre à ce réquisitoire contre l’amour en général et le leur en particulier.

Jean-Jacques était déjà dans le couloir. Il revint et fixa son regard sur un motif circulaire du tapis. « Et, pour ce que tu m’as dit avant hier…je suis désolé mais ce n’est plus possible. J’étais venu te le dire hier au soir, mais je n’ai pas eu la force…je voulais te le dire ce matin…mais…ma femme doit s’impatienter. Je dois y aller. Je ferai tout ce qui est en mon possible pour t’aider. Voici la carte d’un de mes confrères, Jean-Jacques posa un petit rectangle blanc de papier glacé sur la table basse en verre, il est déjà au courant. Il t’attends lundi. Tu verras c’est un amour d’homme. Désolé Do, il faut encore avorter. »

Il gagna la porte du meublé au pas de course.