mercredi 13 juin 2007

Lettre B - Bénédicte - (part 2/6)

Le petit corps est allongé sur un tapis usé. Les bras sont croisés sur la poitrine et l’enfant a les yeux ouverts.

"Il est mort il y a deux jours", dit la femme à Bénédicte.

Bénédicte aspire en elle la détresse de cette femme. Elle a en elle assez de souvenirs de ces corps posés sur des nattes salles pour laisser le désespoir de l’autre s’enfouir en elle. Elle doit être forte maintenant. " S’il vous plait ", implore la mère.

Bénédicte se dirige vers le grand canapé qui trône au milieu de la pièce. Elle y pose son sac. Elle sort les bois magiques qui viennent du Sénégal, la terre pilée des Grands Lacs, rouge comme le sang versé, et les plumes de ces oiseaux qui ne daignent pas même survoler l’Europe. Elle étale ses trésors sur le tissu sale.

La grande femme l’observe avec respect. Elle a confiance dans la lenteur de Bénédicte. Elle retrouve dans le balancement de son corps le mouvement calme des femmes de sa tribu.

La femme entend avec plaisir que Bénédicte a commencé à chanter et à ôter ses vêtements.