dimanche 24 juin 2007

Lettre B - Bénédicte - (part 3/6)

Bénédicte revêt une robe qui colle à sa peau et moule ses formes. Avec un enduit de couleur sombre elle trace des arabesques sur le tissu. Elle compose de larges motifs de couleur sombre sur la toile rêche du vêtement. Elle est belle et ses seins sont durs sous sa robe. La sueur coule sur son corps.

Le corps de l’enfant est toujours immobile.

Bénédicte s'approche de lui. Elle étend ses bras chauds sur le petit cadavre. Elle sent le grand corps de la mort qui reste calme contre le sien. Elle sent les petites mains rigides du garçon contre ses seins. Elle redresse le corps de l'enfant, le balance entre ses bras, leurs deux corps enlacés, son propre souffle contre le mutisme de la mort.

Il n'y a plus de bruit dans la salle sauf celui des pieds de la table que Bénédicte soulève dans son élan et fait retomber sur le sol. Bénédicte s'alonge sur la table et étend le corps de l'enfant sur le sien.

Bénédicte s'accroupit sur la table et soulève le petit cadavre. Elle l'assoit sur elle. Le mouvement de son corps de femme a pris toute son ampleur. Les cuisses de Bénédicte sont couvertes de sueur. Le corps de l'enfant est couvert de fleuves aux reflets bleus. Quelques étoiles se noient en silence dans les fleuves. La voix de Bénédicte rugit de plaisir. La magicienne peut ramener les corps à la vie. Tout le monde sait cela.

La mère de l'enfant recule d'un pas : elle regarde le corps splendide de la femme à côté de celui de l'enfant. Elle a l'espoir silencieux.

Le corps de son fils est toujours sans vie.