mercredi 18 juillet 2007

Lettre C - Chantal - (part 2/3)

L'un des deux hommes décrocha. Il regarda la femme. "Oui", dit il et il raccrocha. Il lui fit un petit geste et elle continua.

" Il y avait du monde un peu partout, mais j'ai quand même fini par retrouver ma place.

J'étais à l'orchestre. Je vais toujours à l'orchestre. Le reste ne vaut rien. Les balcons sont bons pour les fils de concierges. Je me suis installée en prenant garde de ne pas froisser mes vêtements. C'est très important pour moi. L'ordre, plus personne ne s'en occupe aujourd'hui. Voilà le centre de cette histoire. J'ai regardé la scène. Elle était vide. Une scène vide est la chose la plus triste au monde. J'ai laissé le programme sur le fauteuil puis je suis redescendue au foyer. Je voulais me divertir sans savoir pourquoi. La foule parlait beaucoup. Il faut toujours parler. Les gens ne savent pas se taire. Ils y gagneraient tellement, pourtant. Enfin, ce n'est pas maintenant que je vais changer cela. Vous êtes sans doute de cet avis. J'aimerai me dire que si. Oui. Vous croyez que l'on parlera beaucoup de moi ? Peut être ? Ce serait amusant. Je reprends car vous vous ennuyez. J'écoutais ces paroles et je trouvais que cela ne voulait rien dire. N'est ce pas ? Cela vous est arrivé aussi. Non ? Tant pis. Vous ne voulez pas me le dire, voilà tout. Vous jouez un rôle. Moi aussi. Je suis la méchante. Au moins pour cette fois. Je marchais sans faire attention aux visages. Je ne les regarde plus depuis longtemps. Ils sont si peu vivants. Les paroles justes. Il faut écouter. Toujours. Vous devriez vous méfier des paroles. Elles sont plus mauvaises que les femmes. Elles se vengent avec le prix des intérêts. Evidement, les hommes me regardaient, mais je n'y faisais pas attention. J'en connaissais quelque uns. J'aurais pu leur parler ? Oui, vous avez raison. Ils auraient écouté avec attention. Mais ça ne me disait rien. J'ai trop l'habitude. Je ne le supporte plus. Je crois que ça vient avec l'âge.

Je pensais que mon mari était resté à la maison."

Elle s'arrêta de parler. Les hommes ne bougèrent pas.